Le face-Ă -face entre Aquila Capital et Green Investment Group sâinvite au cĆur des conversations des investisseurs qui cherchent Ă placer leur capital dans les infrastructures bas carbone. Dâun cĂŽtĂ©, la firme hambourgeoise dĂ©ploie 8 GW rĂ©partis dans la pĂ©ninsule IbĂ©rique et la Scandinavie ; de lâautre, le groupe dâĂdimbourg, adossĂ© Ă Macquarie, aligne des projets Ă©oliens gĂ©ants du Yorkshire aux confins asiatiques. Les deux acteurs incarnent des approches complĂ©mentaires : spĂ©cialisation europĂ©enne pour Aquila, expansion mondiale pour GIG. Entre exigences ESG toujours plus strictes, course au stockage et flambĂ©e du prix du carbone, choisir lâun ou lâautre nâest plus seulement un pari financier : câest un engagement stratĂ©gique sur la maniĂšre de dĂ©carboner la planĂšte. Lâexamen minutieux de leurs portefeuilles, de leur gouvernance et de leurs performances Ă©claire une question brĂ»lante : oĂč placer chaque euro pour conjuguer rendement đ¶ et impact đ ?
Panorama 2025 : Aquila Capital et Green Investment Group sous la loupe des investisseurs responsables
Au cours des trois derniĂšres annĂ©es, Aquila Capital a annoncĂ© plus de 2 milliards ⏠de dĂ©penses pour Ă©tendre ses parcs solaires et Ă©oliens en Espagne et au Portugal. En parallĂšle, Green Investment Group (GIG) a franchi le cap symbolique des 14 GW engagĂ©s ou mis en service, confirmant son statut dâ« architecte mondial » de la transition Ă©nergĂ©tique. Ces chiffres, corroborĂ©s par lâInternational Energy Agency, traduisent lâaugmentation des volumes allouĂ©s aux infrastructures vertes : 44 000 milliards $ devraient affluer dans les renouvelables dâici 2050.
Pour saisir lâenjeu, un vidĂ©aste indĂ©pendant a rĂ©cemment croisĂ© les dirigeants des deux maisons lors du sommet « Finance for Climate » Ă Rotterdam. QuestionnĂ©s sur le mĂȘme plateau TV, ils ont livrĂ© deux visions distinctes : Aquila sâen tient Ă lâEurope pour « maximiser la profondeur rĂ©glementaire » ; GIG prĂ©fĂšre « rĂ©pliquer un modĂšle agile sur plusieurs continents ». DerriĂšre ces slogans se cachent des indicateurs trĂšs concrets.
đ Indicateur clĂ© | đ± Aquila Capital | đ Green Investment Group |
---|---|---|
CapacitĂ© installĂ©e | 8 GW âïžđŹïžđ§ | 14 GW đŹïžâïžđ |
Marchés principaux | Péninsule Ibérique, Scandinavie | Royaume-Uni, APAC, Amériques |
Taux dâexposition solaire | 45 % | 32 % |
Notations GRESB 2024 | 5 Ă©toiles âââââ | 4 Ă©toiles ââââ |
Objectif Net Zéro | 2040 | 2040 |
Le tableau met en lumiĂšre la diffĂ©rence dâĂ©chelle mais aussi la proximitĂ© des engagements climatiques. Pour mieux lire ces donnĂ©es, les analystes scrutent trois axes :
- đ RĂ©gionalisation : Aquila concentre 78 % de ses actifs dans lâUE, GIG moins de 40 %.
- đ ïž Technologies dominantes : le solaire pour Aquila, lâĂ©olien offshore pour GIG.
- đ Taux de rendement interne anticipĂ© (TRI) : 8 Ă 11 % pour Aquila, 6 Ă 10 % pour GIG selon Moodyâs.
Ces critĂšres invitent les family offices europĂ©ens Ă calibrer leur exposition : vouloir un flux plus rĂ©gulier ? PriÂviÂlĂ©Âgier Aquila. Chercher une prime de diversification gĂ©ographique ? Regarder du cĂŽtĂ© de GIG.
Capteurs de tendance : pourquoi la compĂ©tition sâintensifie-t-elle maintenant ?
Plusieurs dynamiques convergent.
- đ CrĂ©dit bancaire vert moins onĂ©reux : la BCE applique un rabais de 25 points de base sur la titrisation verte depuis mars 2024, stimulant la dette junior.
- đșïž Plan RePowerEU : 300 milliards ⏠flĂ©chĂ©s vers les renouvelables, dont 20 % mobilisĂ©s via des fonds privĂ©s partenaires.
- đ Recherche dâactifs refuges : la volatilitĂ© gaziĂšre post-crise ukrainienne renforce lâattrait dâactifs au profil long terme.
Ce contexte dopĂ© explique la ruĂ©e vers les portefeuilles dâactifs physiques. Aquila et GIG, forts de leurs pipelines respectifs, apparaissent comme des bouĂ©es de sauvetage pour les caisses de retraite en quĂȘte de stabilitĂ©.
đ§ Prochain arrĂȘt : entrer dans la « mĂ©canique » dâAquila et dĂ©cortiquer son style dâinvestissement.
Architecture financiĂšre dâAquila Capital : focus sur lâEurope solaire-Ă©olien
Aquila Capital sâest taillĂ© une rĂ©putation de « goĂ»t du terrain ». Son bureau madrilĂšne dirige aujourdâhui plus de 800 MW de projets en cours de construction, tandis que la filiale dâOslo nĂ©gocie lâaccĂšs au rĂ©seau dans le cercle arctique. Cette approche dĂ©centralisĂ©e repose sur des joint-ventures locales : avec Iberdrola dans lâhydro norvĂ©gienne, avec Voltalia pour un parc hybride prĂšs de Braga et avec BayWa r.e. dans la biomasse allemande.
Le succÚs de cette stratégie tient en trois piliers.
- đ€ Co-dĂ©veloppement : partager le risque de dĂ©veloppement prĂ©-FID en contrepartie dâun droit de rachat prĂ©fĂ©rentiel.
- đ PPAs corporate : conclure des contrats long terme avec des groupes comme IKEA ou LeRoy Merlin (voir lâĂ©tude IKEA vs LeRoy Merlin Ă©nergie renouvelable).
- đ°ïž Digitalisation des actifs : drones Lidar, SCADA ouvert et jumeaux numĂ©riques dĂ©ployĂ©s systematiquement.
Les consĂ©quences sont tangibles. Le rendement des parcs solaires de Cordoue dĂ©passe de 5 % la moyenne ibĂ©rique grĂące Ă des trackers mono-axe et un pilotage IA de lâonduleur. Le chargeur rapide au lithium-fer-phosphate installĂ© Ă cĂŽtĂ© rĂ©duit la curtailment sur le rĂ©seau.
Ătude de cas : le parc « Luz del Sur » dans la Sierra Morena
Mise en service en novembre 2024, lâinstallation de 300 MW combine 750 000 panneaux bifaciaux fournis par Canadian Solar. Le PPA de 15 ans signĂ© avec Engie garantit 42 âŹ/MWh indexĂ© inflation. Les recettes du parc sont complĂ©tĂ©es par la vente de certificats de garantie dâorigine.
Liste dâimpacts mesurĂ©s :
- âŹïž 348 000 tCOâ Ă©vitĂ©es/an.
- đ CrĂ©ation de 120 emplois permanents dans la maintenance.
- đ Installation de ruchers pour renforcer la biodiversitĂ©.
La philosophie est claire : verrouiller le prix de lâĂ©nergie, sĂ©curiser la dette, investir dans lâexploitation. Lâoptimisation permet Ă Aquila dâatteindre un ratio project finance de 75/25, rarement Ă©galĂ©.
đ§ Partenaire | RĂŽle | Avantage compĂ©titif |
---|---|---|
Iberdrola | OpĂ©rateur hydro âČïž | AccĂšs bassin scandinave |
Voltalia | IngĂ©nierie Ă©olien đȘïž | Expertise hybride |
Engie | Off-taker PPA đ | Notation A- |
Cette alchimie de partenaires rassure les assureurs et attire les grandes fortunes familiales allemandes. Lâcomparatif Veolia-Engie le rappelle : bien choisir son off-taker vaut parfois plus quâoptimiser lâonduleur !
AprĂšs lâexploration de la mĂ©thode Aquila, passons au challenger britannique.
Green Investment Group : expansion mondiale et pari sur lâoffshore
Green Investment Group nâest plus lâentitĂ© publique nĂ©e en 2012 ; câest aujourdâhui un bras armĂ© de Macquarie, aguerri aux montages sophistiquĂ©s. Son terrain de jeu : les fermes offshore multi-gigawatts, les parcs solaires de dĂ©serts australiens, les batteries de Californie. Pour sĂ©duire les pension funds asiatiques, GIG revendique un pipeline de 35 GW, dont 11 GW en Asie-Pacifique.
Le secret ? Une capacitĂ© Ă structurer des SPV (Special Purpose Vehicles) dans des juridictions flexibles : Jersey, Luxembourg ou Singapour. Ce gant de velours fiscal sâaccompagne dâune main de fer technique : exigence de facteur de charge supĂ©rieur Ă 50 % pour lâĂ©olien.
- đ Hornsea 3 : 2,8 GW en mer du Nord, co-dĂ©veloppĂ© avec Ărsted (voir lâanalyse Ărsted vs Vattenfall Ă©olien).
- đ Battery Belt USA : 1,2 GW de stockage rĂ©partis sur trois Ătats, en partenariat avec TotalEnergies.
- ⥠Solar Cable Darwin-Singapour : 3 GW destinĂ©s Ă alimenter la citĂ©-Ătat via un cĂąble HVDC sous-marin de 4 200 km.
Zoom sur lâAsie-Pacifique : risques politiques et primes de rendement
La prĂ©sence de GIG en IndonĂ©sie et au ViĂȘt Nam lui offre un TRI cible de 11-12 %, supĂ©rieur Ă celui dâEurope. Cependant, la volatilitĂ© change risque dâamputer 2 points. GIG couvre 60 % de son exposition au change via des swaps, mais garde 40 % Ă dĂ©couvert pour « capturer la hausse » du dong.
Liste des sûretés mises en place :
- đ§ Assurance risque politique MIGA.
- đŠ Co-financement par la Banque asiatique dâinvestissement dans les infrastructures.
- ┠Clause « offshore escrow » pour stocker les revenus en USD à Singapour.
Cette ingénierie contractuelle séduit des géants comme EDF Renouvelables et Akuo Energy, qui co-investissent dans ces SPV pour accéder au marché clandestin des carbon credits asiatiques.
đ€ Mais comment comparer lâimpact rĂ©el ? Place au chapitre ESG.
Impact ESG : mesurer, auditer et monétiser le carbone évité
Plus quâune mode, la mesure dâimpact est devenue un prĂ©-requis rĂ©glementaire. En 2025, la CSRD impose un reporting standardisĂ© pour les fonds. Aquila Capital et GIG ont musclĂ© leurs Ă©quipes ESG : 28 analystes chez Aquila, 35 chez GIG.
- đ Standard GHG Protocol : scope 1-2-3 obligatoire, avec vĂ©rification indĂ©pendante.
- đ Taxinomie europĂ©enne : 95 % des actifs Aquila sont alignĂ©s ; seulement 71 % pour GIG (exposition Australie charbon exige un plan de sortie dâici 2030).
- đ° MonĂ©tisation des crĂ©dits : Aquila vend des certificats I-REC, GIG opte pour des advance market commitments.
Pour mieux visualiser la hiĂ©rarchie dâimpact, utilisez la toolbox ci-dessous.
Tableau comparatif interactif : Aquila Capital vs Green Investment Group
Indicateur | Aquila Capital | Green Investment Group |
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